La « vièle en 8 » est un instrument à trois cordes étroitement lié à l’organistrum à côté duquel elle est souvent représentée (Compostelle, Boscherville …).
Dans la sculpture romane, elle apparaît au milieu du XIIe siècle dans les mains de David, Maître de la musique céleste, ou des Vieillards de l’Apocalypse ; jamais des jongleurs.
Elle est étroitement liée à la musique liturgique.
L’organistrum (gros, imposant, d’une technologie complexe, très décoré…) apparaît chez les bénédictins (1100, Ms. Wolfenbuttel) tandis que la gigue (un organistrum dénué de tous ses artifices), apparaît simultanément, mais chez les cisterciens (1109, bible de St. Etienne Harding).
Son apparition coïncide avec l’essor de la polyphonie. Le déchant évolua tout au long de la période romane comme l’attestent les manuscrits des abbayes de Fleury, Saint-Martial-de-Limoges et Chartres. L’organum pur se généralisa, à la fin du siècle, avec l’école de Notre-Dame (Ars antiqua).
L’archet de la vièle en huit est long et lourd. Joué en position assise, « da gamba », c’est un instrument de soutien et d’apprentissage des premières polyphonie religieuses.
accord relatif
Les termes giga ou trichordum giga correspondent vraisemblablement à cet instrument. (voir « La giga : l’autre vièle médiévale, Actes du colloque de février 2001 : Archéologie et musique », éd. Cité de la musique, Paris 2002, pp. 94-100.)
L’instrument tombera en désuétude à la fin du XIIIe siècle avec les formes musicales qui lui avaient donné le jour.
Cette disparition coïncide donc exactement avec celle de l’organistrum :
ces deux instruments (gigue et organistrum) naissent et disparaissent en même temps.
C’est la mise au point de l’orgue qui va précipiter leur abandon pour soutenir les formes anciennes d’organum.
Chez les anglo-saxons qui resteront attachés plus longtemps au vieil organum et à la diaphonie, Gigue et organistrum survivront plus longtemps.
Sa structure explique la particularité de sa technique de jeu : pas d’usage de la touche.
– A l’instar des instruments à archet orientaux et de l’organistrum, la production de la mélodie se fait par simple contact avec la corde. .
– Son sillet est fortement marqué pour faire passer les cordes bien haut au dessus du manche dénué de touche.
– Le chevillier est plat.
– Les chevilles se manœuvrent par l’arrière.
– Lorsqu’il existe, son chevalet est haut et fort.
– Au Moyen Âge, un instrument ne se définit pas par la forme de sa caisse, mais par sa structure et sa fonction. Ceci explique que la giga ait aussi adopté le dessin piriforme.